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La naissance de l’empire Manden
DES ORIGINES À LA CONSTITUTION DE L’EMPIRE

samedi 14 décembre 2002  


L’époque correspondant au Moyen Age en Europe fut pour l’Afrique occidentale une période de grande stabilité politique, due au développement de grands empires et d’une civilisation originale.

L’un de ces empires qui ont fortement marqué l’histoire de cette région de l’Afrique par leur richesse, leur ouverture sur le monde extérieur, la longévité de leur culture et de leurs normes sociales est l’empire Manden.



Au XIIème siècle, les peuples de langue mandenkan vivait au sud du sahara dans toute la region des fleuves Sénégal et Niger. Ils se constituaient de trois grands groupes :

-  les soninkés ou sarakolés dans le wagadu, le bakhounou et le kaniaga

-  les sosso

-  les maninka sur le haut plateau du Niger.

Modeste royaume du haut niger, le Manden, détenteur d’une importante source d’or, le Bouré, passa au premier plan après la chute de Koumbi-Ghana vers 1076. Après la brève hégémonie des sosso-Kanté (1180-1230), le royaume Manden s’imposa à tous les pays de la savane avec Sundjata.

Avant l’unité politique des peuples du térritoire manden, la region se constituait de deux royaumes : au nord-est le Do (Dodugu) près de Sosso et au sud-ouest, près des mines du Bouré, le Kiri ou Manden qui finira par désigner tout le pays maninka. Le Dodugu était peuplé par le clan des Kondé et aurait compté douze villes. Les Konaté et Keïta eux, occupaient le pays de Kiri conjointement avec les Traoré. Quant aux Kamara de Sibi et de Tabön, ils occupèrent progressivement la rive droite (Bako) du Niger.

C’est le Kiri qui réalisa l’unité de la region. L’un de ses rois, Mamadi Kani, se serait, en tant que simbon (maître chasseur), appuyé sur cette confrérie fermée, armée, initiée aux secrets de la brousse, pour réunir dans un même ensemble politique le Do, le Kiri, le Bako et le Bouré sous les clans Kamara, Keïta, Konaté et Traoré. C’était au début du XIIieme siècle. Un siècle après, un de ses descendants, Maghan Kön Fatta, assista à l’essor puissant du Sosso avant de laisser le trône à Dankaran Tuman, fondateur de Kissidougou et frère ainé de Sundjata Keïta, l’homme sous l’impulsion duquel l’empire du Manden se construisit et qui en fut le premier empereur.

SUNDJATA KEITA

La tradition orale nous apprend que Sundjata eut une enfance pénible de handicapé perclus des jambes. Après avoir commencé à marcher dans des circonstances étranges, il dévint le chef de son groupe d’age et suscita la persécution de son frère Dankaran Tuman. Il décida de s’exiler et cette fuite (bori) dura de longues années qui le menèrent au Ghana puis à Néma ; le roi appréciant sa bravoure, lui confia un haut poste. C’est là que les messagers du Manden le retrouvèrent enfin ; Ils lui demandèrent simplement de venir libérer le Manden de sa quasi-soumission au roi sosso. Il accepta de les suivre avec un contigent donné par le roi de Néma.

Aidé de ses amis et alliés, Tabön Wana (Ghana), Kamajan Kamara de Sibi, Faoni Kondé, Siara Kuman Konaté, Tiramagan Traoré et Fakoli avec lesquels il scella l’union sacrée dans la plaine de Sibi, Sundjata entreprit sa guerre contre le roi sosso Soumaoro Kanté.

C’est entre 1220 et 1235 que devait avoir lieu le choc historique entre le sossoe et le Manden dirigé par Sundjata. Après deux rencontres incertaines, la bataille décisive eut lieu à Kirina. Soumaoro y perdit la guerre. La victoire de Kirina n’était pas un simple combat heureux : elle scellait l’alliance des clans rassemblés à Sibi ; elle assurait au royaume Manden l’héritage de l’empire du Ghana dans le soudan occidental.

L’hégémonie manden enlevant la primauté aux sossos et aux Sarakollés entraina une restructuration de la société autour du groupe guérrier malinké. Les classes se distribuèrent :

-  les nobles : ils furent repartis en seize familles ou clans qui formèrent les Manden-Djon-Tan-Ni-Woro. C’était l’ensemble des clans nobles du Manden et de l’empire.

-  les marabouts : cinq clans maraboutiques constituèrent les Manden-Mori-Kanda-Lolou ou les cinq familles gardiennes de la foi.

-  les hommes castés et griots : ils furent repartis en quatres grandes tribus ou g’nara nani (chaque métier formant un ou plusieurs clans).

Sundjata fut proclamé roi suprême (mansa ou maghan) ; les autres leaders devenant farin (gouverneur) dans leurs provinces, à l’exception des chefs de Néma et du wagadu, à qui fut reconnu le titre de roi. L’assemblé proclama que l’empereur serait désormais choisi dans la lignée de Sundjata selon la voie collatérale de frère à frère ; il était reconnu juge suprême et père de tous, d’où le titre Nfa mansa : « mon père le roi ». Bref, Sunjata « partagea le monde », chacun connaissant ses droits et ses devoirs. Les métiers étaient rendus héréditaires, ce qui ne semble pas avoir existé au temps de l’empire du Ghana.

C’est dans une grande plaine proche de Kangaba, à Kurukanfuga que la tradition situe le Gbara, c’est à dire l’assemblée constituante des clans mandenka.

La tradition attribue cette codification des normes sociales et politiques à l’empereur Sundjata. Elles regissent encore en partie la vie des peuples de langue Mandenkan.


Ce texte est tiré des livres "Histoire générale de l’Afrique" promu par l’UNESCO et "Le Soudan occidental au temps des grands empires" de Djibril Tamsir Niane.




mardi, 21 janvier 2003
La vie de Soundjata Keïta

Soundjata Keïta est le fondateur de l’empire du Mali. Vous trouverez sa biographie et l’histoire de l’empire dans l’excellent livre de l’historien guinéen Djibril Tamsir Niane "Soundjata ou l’épopée mandingue" ( Editions "Présence Africaine") maintenant publié sur Internet.



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Soundjata ou l’épopée mandingue